Lancement du guide d’inclusion des femmes lesbiennes au travail

Dans le cadre du projet VOILAT (Visibilité Ou Invisibilité des femmes Lesbiennes au Travail), L’Autre Cercle – association de référence pour l’inclusion des personnes LGBT+[1] au travail – publie le guide d’inclusion des femmes lesbiennes au travail, dans la collection « Carrément ».

En miroir aux problématiques d’égalité femme/homme, cette nouvelle publication dresse un état des lieux de la visibilité des femmes lesbiennes au travail et en décrypte les freins. A travers des témoignages, ce guide pratique apporte les clés pour mieux comprendre les enjeux et propose des outils pour faire évoluer les mentalités et les pratiques dans le milieu professionnel.

 

L’identité lesbienne : la grande oubliée des politiques d’inclusion 

Cette nouvelle publication de L’Autre Cercle pose tout d’abord un constat chiffré avec les résultats de l’enquête VOILAT menée par l’Ifop pour L’Autre Cercle en mai 2022. Ainsi, 53% des femmes lesbiennes ou bisexuelles déclarent avoir subi au moins une agression ou une discrimination dans leur environnement professionnel. Par peur d’être discriminées, voire d’être empêchées dans leur évolution de carrière, deux tiers d’entre elles font le choix de l’invisibilité auprès de leurs collègues ou de leur hiérarchie.

Un effacement social qui se traduit au quotidien dans les faits par des renoncements et des contre-vérités. Ainsi, 33% d’entre elles renoncent à prendre des congés d’accueil de l’enfant après l’accouchement de leur partenaire et 38% omettent volontairement d’indiquer le nom de leur conjointe sur leur mutuelle.

Une réalité qui entrave la socialisation et l’égalité de ces femmes au sein des organisations mais qui se mesure également par un coût psychique et émotionnel, parfois lourd de conséquence. 34% ont quitté leur employeur à la suite d’agressions et de discriminations et 45% d’entre elles ont eu des pensées suicidaires. Le manque cruel de Rôles Modèles LGBT+ au travail, en tant que figure d’identification, illustre, s’il le fallait encore, cette invisibilité choisie, mais surtout subie.

« L’identité lesbienne reste aujourd’hui un impensé dans le monde du travail et l’angle mort des actions menées en faveur de la diversité et de l’égalité entre les femmes et les hommes. Pourtant, l’émergence des femmes lesbiennes visibles au travail, est aujourd’hui un enjeu majeur dans une période où la place des femmes dans l’environnement professionnel reste un combat récurrent »Sylvie Meisel, Administratrice Nationale de L’Autre Cercle et Co-responsable de VOILAT.

 Le sexisme et l’hétérosexisme[2], ferment de la lesbophobie

A travers des témoignages et des études menées sur le terrain, en coopération avec les organisations signataires de la Charte d’Engagement LGBT+ de L’Autre Cercle, le guide d’inclusion des femmes lesbiennes au travail met en lumière les freins majeurs qui entravent aujourd’hui encore, l’inclusion des femmes lesbiennes dans le monde du travail.

Intimement liée à la question de l’égalité femme/homme, la question de la visibilité des femmes lesbiennes renvoie aux maux des économies contemporaines, encore très ancrées dans une culture sexiste. Une tendance structurelle et systémique qui s’explique notamment par la conjugaison de deux principaux facteurs : un sexisme encore très présent dans le monde du travail, mais aussi un hétérocentrisme ambiant où la présomption d’hétérosexualité reste la norme.

Ainsi, les femmes lesbiennes se retrouvent confrontées à une double discrimination, en tant que femme et en tant que lesbienne. Plus qu’un cumul, il s’agit là d’une véritable articulation des violences faites aux femmes, à laquelle s’ajoutent l’image très négative et les stéréotypes associés aux femmes lesbiennes. Un climat dès lors propice pour jouer la carte de l’autocensure et de cultiver leur invisibilité.

Un guide et 10 clés pour une politique plus inclusive

Éclairant, le guide d’inclusion des femmes lesbiennes au travail se veut aussi pratique et propose une feuille de route et des outils simples à mettre en œuvre pour engager une politique inclusive active et volontariste.

Autour de 10 points clés, le guide invite les instances dirigeantes des entreprises privées et publiques, mais aussi les Directions de Ressources Humaines, à repenser les politiques RH en s’engageant dans une démarche authentique en faveur de l’inclusion et de la visibilité des femmes lesbiennes et bisexuelles.

« La première action consiste à nommer car pour reprendre la célèbre formule de Simone de Beauvoir, « nommer c’est dévoiler, dévoiler c’est agir ». Mais aussi réécrire des politiques qui prennent mieux en compte la présence et la prise de paroles des femmes lesbiennes ou bisexuelles. Il faut poser les fondamentaux d’une politique inclusive, à savoir : Sensibiliser, communiquer, former et sanctionner les propos sexistes, lesbophobes ou biphobes. Le chemin à parcourir est encore long et la mise en mouvement est indispensable pour lever les freins, activer de nouveaux réflexes, et créer un monde du travail plus inclusif, où chacun dans sa diversité pourra exister librement »Catherine Tripon, Porte-Parole nationale de L’Autre Cercle et Co-responsable du Pôle Employeurs et de VOILAT.

 

« Dans le monde du travail, rien ne justifie une moindre visibilité et une moindre inclusion des femmes lesbiennes et bisexuelles. L’expérience démontre que la mise en action d’un collectif de travail permet de lutter contre le sexisme au travail.  Il y a aujourd’hui urgence à agir en conscience pour une réelle égalité́ entre les femmes et les hommes. La visibilité des femmes lesbiennes et bisexuelles au travail bénéficiera à toutes et à tous ». – Denis Triay, Président de la Fédération Nationale de L’Autre Cercle. 

Prix et disponibilité́ du guide

Le guide d’inclusion des femmes lesbiennes au travail a été réalisé dans le cadre d’un groupe de travail conduit durant une année, par le comité de pilotage VOILAT et ce, avec la participation des salarié·es et agent·es parmi les signataires de la Charte d’Engagement LGBT+ de L’Autre Cercle. Il a également été nourri par 7 témoignages, dont des dirigeantes lesbiennes du secteur privé et public, ainsi que des chercheuses engagées pour l’inclusion des personnes LGBT+.

Le guide est disponible gratuitement dès à présent via le site de L’Autre Cercle :

• en consultation digitale,

• en version imprimée, sur commande (seuls les frais de port sont à la charge de l’acheteur).

 

[1] L’acronyme LGBT+ signifie Lesbienne, Gay, Bisexuel·le, Transgenre. Par convention L’Autre Cercle privilégie la formule LGBT+ qui désigne les personnes Lesbiennes, Gays, Bisexuel·les, Transgenres et toutes les personnes ne se reconnaissant pas comme hétérosexuelles et ou cisgenres.

[2] Conjonction de l’hétérocentrisme (ou hétéronormativité) qui pose l’hétérosexualité comme idéale, voire supérieure à toute autre orientation sexuelle et du sexisme qui pose le genre homme comme supérieur au genre femme.

Lancement du projet VOILAT – Visibilité ou Invisibilité des Lesbiennes au Travail

“Femme et Lesbienne, la double peine…”. Restitution des résultats de deux enquêtes de L’Autre Cercle : une enquête quantitative menée par l’Ifop et une enquête qualitative conduite par L’Autre Cercle.

Bon nombre des lesbiennes déclarent rester invisibles au travail pour fuir un cumul de discriminations en tant que femmes et lesbiennes et se protéger du sexisme qu’elles subissent au quotidien.

Et quand elles se rendent visibles, les chiffres sont alarmants : plus de la moitié d’entre elles ont déjà subi une discrimination ou une agression lesbophobe en entreprise. Une réalité qui entraine des pensées suicidaires chez 45% des victimes.

Sept ans après le lancement de sa Charte d’Engagement LGBT+ visant à une meilleure inclusion des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT+) au travail, L’Autre Cercle, l’association de référence pour l’inclusion des personnes LGBT+ en milieu professionnel, constate l’absence flagrante de visibilité des lesbiennes dans le monde professionnel.

Dans ce contexte, l’association a lancé le projet VOILAT, Visibilité Ou Invisibilité des Lesbiennes Au Travail. Première étape : la réalisation de deux enquêtes, l’une quantitative menée par l’Ifop[1] et l’autre qualitative conduite par L’Autre Cercle[2].

L’objectif est de dresser un tableau de la situation afin d’en comprendre les raisons et travailler à des pistes d’amélioration. Ce travail donnera lieu à un guide élaboré avec des employeurs engagés, adhérents ou signataires de la Charte d’Engagement LGBT+ et publié fin 2022 dans la Collection Carrément de L’Autre Cercle.

 « Dans le monde du travail, rien ne justifie une moindre proportion de femmes lesbiennes et bisexuelles. Pour L’Autre Cercle, il y a une grande urgence d’apporter un éclairage sur le phénomène d’intersectionnalité au cœur duquel elles sont enclavées et contribuer ainsi à changer ce paradigme » – Denis Triay, Président de la Fédération Nationale de L’Autre Cercle.

Des facteurs socio-économiques aggravants

Force est ainsi de constater que la lesbophobie est encore plus présente dans certains secteurs d’activité ou catégories professionnelles. Si 53% des femmes lesbiennes ou bisexuelles[3] ont déjà subi une discrimination ou agression au travail, ce pourcentage augmente en effet drastiquement pour celles travaillant dans des secteurs masculinisés, à l’instar de l’industrie (57%) et des transports (58%) ou exerçant une activité isolée, à l’image des artisanes/commerçantes (60%) ou des dirigeantes d’entreprises (68%).

S’ajoutent à ces états de fait les facteurs sociaux. Les femmes issues des catégories populaires sont plus confrontées aux discriminations et agressions.  C’est le cas de 59% des ouvrières et 70% de celles dont le niveau d’étude est inférieur au bac. Un résultat qui explose pour les lesbiennes et bisexuelles racisées (73%).

Au-delà des facteurs socio-économiques, l’enquête qualitative révèle que les propos sexistes sont encore considérés comme acceptables, contrairement aux propos racistes. Et plus de la moitié des lesbiennes interrogées disent ne pas vouloir ajouter une discrimination supplémentaire au simple fait d’être une femme. Cette double discrimination rend encore plus difficile la visibilité et génère une autocensure spontanée des femmes concernées.

 « Longtemps je me suis cachée. Adepte du “pour vivre heureuse, vivons cachée”, j’ai pris conscience du poids psychologique de cette posture lorsque je suis devenue visible. Force est de constater que le sexisme au travail reste la discrimination la plus prégnante pour une femme cisgenre blanche. » – Sylvie Meisel, Administratrice Nationale et Co-responsable de VOILAT.

Une invisibilité subie

La pression exercée dans le monde du travail impacte fortement les femmes lesbiennes et bisexuelles tant sur leur évolution de carrière que sur leur état de santé. Ainsi, plus de quatre lesbiennes ou bisexuelles sur dix déclarent avoir eu des idées suicidaires suite à des discriminations et elles sont 34% à avoir quitté leur emploi pour ces mêmes raisons.

Un contexte propice à cultiver leur invisibilité par peur de subir une double discrimination. Si près de 8 lesbiennes ou bisexuelles sur 10 sont visibles auprès d’au moins un membre de leur entreprise ou organisation publique, seul un tiers d’entre elles est visible de l’intégralité de ses supérieurs.

Un phénomène qui s’accentue selon le profil de chacune. En effet, les bisexuelles sont moins visibles (65%), tout comme les femmes les plus âgées, avec 63% pour les 60 ans et plus, ou encore les femmes racisées (45%).

Selon l’enquête qualitative, cette invisibilité subie s’explique notamment par la peur d’être cataloguée comme la « lesbienne de service » ; les femmes interrogées craignent en effet d’être étiquetées en tant que lesbiennes, plutôt qu’en tant que professionnelles.

Des actions nécessaires

Une invisibilité qui se traduit dans les faits par des renoncements ou des contre-vérités. Ainsi, 41% des lesbiennes et bisexuelles déclarent avoir renoncé à participer à un évènement professionnel où les conjoints étaient invités ou s’être déjà inventées une vie affective hétérosexuelle pour ne pas être visible. Pourtant, parmi les 32% de femmes totalement invisibles de leurs supérieurs hiérarchiques directs, 43% souhaiteraient l’être et 53% de leurs collègues de même niveau hiérarchique.

Ces résultats montrent le chemin qui reste à parcourir. La présence de collègues lesbiennes ou bisexuelles visibles ou encore la garantie d’un environnement favorable à l’expression de son homo/bisexualité pourraient notamment inciter les lesbiennes et bisexuelles non-visibles à le devenir (pour respectivement 61% et 59% d’entre elles).

« Marqueur d’une politique volontariste pour un employeur, la place des femmes dans une organisation se heurte, pour les femmes lesbiennes et bisexuelles, à des freins culturels, structurels et conjoncturels. Il y a nécessité à croiser les engagements et les actions pour lever ces freins » – Catherine Tripon, Porte-Parole nationale et Co-responsable du Pôle Employeurs et de VOILAT.

 

[1] L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1 402 femmes lesbiennes ou bisexuelles exerçant une activité professionnelle, extrait d’un échantillon représentatif de 2 431 femmes homosexuelles et bisexuelles âgées de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine. Les interviews ont été menées par questionnaire auto-administré en ligne du 9 novembre 2021 au 25 janvier 2022.

[2] sur la base de 88 entretiens menés entre octobre et décembre 2021

[3] en couple avec une femme

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